Welcome. [Last', Schwe' et Sunny!]

Les flancs gonflés, la jolie pie sabino marchait lourdement. Elle commençait à se demander combien de temps encore durerait son calvaire. Elle l'avait choisi et l'avait assumé, mais il commençait à lui peser d'avoir un petit habitant. Quelques minutes plus tôt encore, elle affirmé sa position dans le troupeau avec Sunny. Même simple favorite, elle était au dessus de certaines juments. C'était donc une séance de papouilles qu'avait interrompu la petite chose pas encore mise au monde. Si déjà il ou elle commençait déjà! Les deux parents auraient du fil à retordre! Alors, pour faire passer la douleur, Last Chance marchait. Elle ne s'arrêtait que pour donner un petit coup de nez à ses flancs douloureux, semblant leur intimer de cesser leur basar. Pourtant, son instinct la poussa à s'éloigner du troupeau. Elle entendait bien son dominant l'appeler, mais elle ne trouva pas le courage de lui répondre. Elle s'éloigna donc seule, mûe par un instinct sauvage de conservation, héritage millénaire de ses ancêtres. Elle avait les postérieurs raides et la robe qui commençait à se mouiller. Elle regarda autour d'elle, soudain prise de panique, à la recherche d'un endroit où elle pourrait se coucher. Quelques touffes d'herbe de la fin de la saison furent sa litière. Elle s'y coucha lourdement, tandis qu'elle avait perdu les eaux. Il fallait que le poulain naisse assez vite, sous peine qu'il ne put connaître le jour. La nuit tombait doucement.

Les contractions arrivèrent vite, intenses, permettant à la jument de donner la vie. Le bébé semblait pressé de sortir, aussi ne fit-il pas le difficile et sa mère put-elle vite le délivrer. Lorsque le petit corps sortit entièrement, elle posa un instant la tête au sol, avant de se relever avec détermination. Elle se tourna, non sans fatigue, vers le poulain avant de le lécher, pour que ses voix respiratoire se vident deu mucus et que sa ciculation sanguine s'active. La petite tête frémit, sur le sol, tandis que les petits naseaux s'agitaient et que les yeux bleus et noisettes s'ouvraient. Le poulain éternua faiblement et sa mère continua de le lécher vigoureusement pour le sécher. Lorsqu'il fut temps, la jument le poussa du bout du nez, le stimulant. Là seulement elle prit le temps de l'observer, trop occupée auparavant à lui donner les premeirs soins vitaux. Il était pie, un peu comme elle, même si ses tâchettes étaient réparties différemment. Par contre, il arborait l'or de son père, aussi. Et surtout, c'était un héritier masculin pour Sunny. Last Chance lui espérait déjà un grand avenir.

«Allez Schwepps chéri, lève-toi. Il est temps.»

Le poulain commença par lever sa petite croupe tendue, les genoux au sol, avant de retomber, trop faible. Sa mère le poussa à essayer encore. Il lui fallut trois tentatives pour tenir debout et encore une quatrième pour être capable de tenir sur ses longs membres grêles. Il ne perdit cependant pas de temps pour boire le premier lait, celui qui lui permettrait de ne pas tomber malade avec l'hiver qui s'annonçait. Last lâcha un hennissement bas et rauque, pour son fils, l'imprégnant de son odeur et de ses appels pour qu'ils ne puissent jamais se perdre. Cela faisiat aussi partie de l'instinct, ces actes de conservation qui s'effectuaient sans avoir besoin de les apprendre.

Depuis que le troupeau de Sunny était redescendu des verts pâturages de la montagne, la température avait brusquement baissé, et la pluie se faisait plus fréquente, glaciale. Les premières neiges n'allaient pas tardé. L'étalon passait son temps à trouver des endroits abrités pour protéger ses juments de la bise glaciale qui s'élevait de plus en plus souvent. Il s'échinait en même temps à dénicher les endroits abrités les plus verts pour nourrir ses belles. Après tout, certaines d'entre elles avaient des poulains à leurs côtés et avaient besoin de toutes leurs forces pour les allaiter correctement tout en restant dans un bel état. Car Sunny aimait les belles juments, il se débrouillait donc pour qu'elles le restent sous sa protection. Pour l'instant, son troupeau ne dénotait que quelques poulains contre une dizaine de juments, ce qui était bien peu. Mais vu la jeunesse de l'étalon, sa rare inexpérience et ses débuts récents en tant que chef de harem, c'était une belle performance. Il était content de lui mais ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin, loin de là !

Pendant qu'il était confronté aux problèmes de survie et de confort de ses juments - ses préoccupations constantes en fait - des tensions étaient apparues au sein du groupe. Le retour de Lune Royale en avait bouleversé plus d'une, en tant qu'ex-jument de tête de l'étalon doré elle rendait de nombreuses juments membres du harem depuis longtemps fort jalouses. Le quotidien était donc ponctué de petits hennissements brefs mais stridents de mécontentement, allant parfois jusqu'à la petite ruade pour la forme. Car aucune des juments impliquées ne voulaient se laisser faire ! C'était la guéguerre dans la hiérarchie des belles, mais Sunny laissait faire : ce n'était pas son problème. D'ailleurs ça ne le dérangeait pas foncièrement d'avoir plusieurs juments préférées, ni deux ou trois juments de tête - tant qu'elles ne s'entretuaient pas...

Ces derniers temps, il avait passé beaucoup de temps avec Last Chance. Il y avait plusieurs raisons à ça, tout d'abord elle était la dernière arrivée au troupeau avant le retour de Lune, elle avait donc besoin de son soutien social, et puis... il était folle d'elle depuis le début, c'était naturel qu'elle se retrouve au rang de favorite du moment. Mais au fur et à mesure que son ventre enflait, elle devenait un peu plus distante avec Sunny. Ce dernier ne s'en formalisait pas et passait le temps à brouter aux côtés d'Upsilone ou Lune Royale, pas dérangé le moins du monde par ce léger changement de situation. Ce jour là, Sunny et Last étaient pourtant en pleine séance de grooming, étape on ne peut plus habituelle chez deux équidés qui apprécient la présence l'un de l'autre.

Il ne s'étonna cependant pas lorsque Last s'éloigna lentement mais sûrement du harem. L'instinct protecteur de l'étalon s'éveilla aussitôt et il émit un bref hennissement rauque, quasi inaudible, qui traduisait son angoisse pour la situation mais aussi son acceptation du processus naturel - on pouvait aussi y voir un message de "bon courage"... Il revint pourtant rapidement vaquer à ses occupations habituelles et profita de cette carrière bien abritée et nourrissante pour reprendre des forces. Mais au plus profond de lui-même il savait très bien ce qui se passait pour sa favorite du moment, ses sens restaient donc en alerte encore plus que d'habitude. Si un quelconque prédateur approchait à moins de 500m, il le verrait, l'entendrait ou le sentirait, et il était prêt à lui faire la peau et/ou le tailler en pièces pour laisser Last pouliner en paix.

Après plusieurs minutes, il se douta que le travail était terminé. D'un coup d'oeil, il confia le troupeau aux mains de la jument de tête (ou les deux, qu'elles se débrouillent entre elles !) et partit rejoindre la nouvelle Maman. C'est ainsi qu'il découvrit le petit déjà debout en train de téter. Wouah ! C'était un petit surdoué celui-là, il avait été d'une rapidité ! Sunny le voyait déjà prendre la relève de son troupeau. Mais pas maintenant hein, il fallait déjà qu'il soit éjecté dans un an, ou il risquerait de le détrôner, le monstre !

Enfin, pour l'instant il n'était qu'un petit poulain innocent et tout mignon. Bref, Sunny s'approcha doucement de la jument et se frotta tendrement le nez sur ses naseaux fébriles, marque d'affection et de félicitations, avant de reporter son attention sur le Gnome Bicolore.

" - Salut petit... "

Last Chance avait redressé la tête, tandis que le petit têtait contre elle. Il tirait le lait et elle sentait lentement ses mamelles douloureusement gonflées désenfler. Elle laissa échapper un soupir de contentement, malgré sa fatigue. Elle était heureuse d'être arrivée au terme et encore plus maintenant qu'elle savait que son poulain était rayonnant de santé. Cependant, son regard s'embrasa dès qu'elle vit la silhouette palomino s'avancer, luisante. Ainsi, le père venait aux nouvelles? Le poulain s'agita et se cacha derrière la jument, qui hennit bas.

L'étalon s'approcha lentement d'elle et Last tendit les naseaux vers le mâle. Son odeur la réconfortait tant! Le contact entre leurs naseaux lui était agréable plus que tout autre contact. Elle ne put néanmoins s'empêcher de secouer la tête, pleine d'amusement, voyant son petit se tasser plus encore derrière elle. Elle s'écarta d'un pas, laissant le poulain hébêté, avant de lui dire d'une voix douce:

«Schwepps, ton père t'a fait l'honneur de venir te voir.»

Last s'approcha donc sans craintes de l'étalon, suivie de près par le poulain qu'il s'emmêlait, avec ses longs membres trop fins. Et même carrément trop longs! Il regardait l'étalon adulte avec des yeux énormes, comme extrèmement étonné, ce qui lui donnait une bouille incroyablement drôle. Elle pressentait néanmoins un futur plein de petites bêtises, pour son fils. Mais elle l'aimait, son bébé, tellement fort déjà! Enfin, la sabino reporta son attention sur le dominant. Elle posa son chanfrein au creux de l'épaule musclée et elle murmura:

«Nous nous apprêtions à vous rejoindre.»

Ce "vous" respectueux s'adressait au troupeau car, depuis son arrivée, la jument avait tissé avec le jeune père un lien d'or, où la distance du vouvoiement avait disparue. Il n'y avait entre eux qu'un respect informel. Ils respectaient l'intimité, les amitiés, les désaccords. Ils respectaient les au revoir et les prises de distances. Ils se respectaient, en somme. Sunny ne mentait pas, en disant qu'il laissait de la liberté à ses juments. Même s'il était présent, prompt à régir, les juments pouvaient s'égayer comme bon leur semblait. Chance l'aiamit pour cela.

Sunny observait le poulain avec calme et assurance, cherchant ni à l'effrayer ni à le ménager. Il connaissait son rôle dans cette situation et se savait à sa place à ce moment précis. Il savait que des générations d'étalons s'étaient comportés comme de vrais pères avec leurs poulains jusqu'à ce que ces derniers ne commencent à manifester leurs premiers émois, ou à importuner leur maman avec le nouveau né de l'année suivante. En attendant, Sunny allait apprendre à ce petit tout ce qu'il était nécessaire de savoir pour devenir un roi, il pourrait même jouer avec lui de temps en temps... Car l'étalon doré, même avec ses nouvelles responsabilités qu'il prenait très au sérieux, avait toujours gardé son âme d'enfant ! Il avait manqué de compagnons et d'énergie pour jouer dans son enfance, ce côté juvénile était peut-être un moyen pour lui de compenser ? Quoi qu'il en soit, il n'attendait rien de ce nouveau né, et ne se doutait pas encore qu'il pourrait développer une grande affinité avec ce petit !

L'attention de Sunny était également captée par la belle et courageuse maman de ce joli poulain, elle souffla tout contre lui, se reposant sur lui, sa vue en était totalement réduite au corps massif de l'étalon. Ce dernier fut bizarrement touché par cette marque de confiance hors du commun, qui lui indiquait clairement qu'elle se remettait tout à lui, pour elle et son petit. Non, il ne la décevrait pas ! C'est de là qu'il puisait sa force pour se battre chaque jour pour ses belles. C'était non seulement son instinct d'étalon et de chef mais aussi le désir d'être à la hauteur et de ne pas décevoir celles qui lui faisaient confiance et qui comptaient sur lui. Au final, il avait autant besoin d'elles qu'elles avaient besoin de lui ! Et Last était une des premières à ce rang là, elle plaisait tellement à Sunny au quotidien qu'elle pourrait encore monter en grade au sein de la hiérarchie du troupeau, alors qu'elle était tout de même fraîchement arrivée - cela dit, elle n'était plus tout à fait nouvelle, surtout depuis le retour de Lune.

Oui, Sunny aimait passionnément Last, et encore plus depuis cette naissance. La jument s'était montrée à la hauteur non seulement dans l'acte mais aussi dans la mise au monde, elle avait laissé parlé sa nature et avait été très courageuse, elle avait tenu le coup - ce qui n'était pas toujours le cas, hélas... - et elle se révélait être une mère formidable, tout du moins une mère aux instincts normaux, ce que Sunny estimait énormément. C'était un des critères de choix pour ses juments, l'instinct maternel. Lui-même ayant été rejeté par sa mère naturelle, probablement à cause d'une aliénation due à l'interaction avec l'homme... mais ça il l'ignorait, il connaissait à peine l'existence des humains, aussi n'avait il jamais compris la haine subite que sa mère avait eu pour lui dès sa naissance. Last revêtait à ses yeux la mère parfaite pour son petit, elle devenait par conséquent une compagne idéale pour lui, non seulement physiquement mais moralement : elle lui faisait confiance et le respectait, autant que lui l'aimait et la laissait libre. Une belle harmonie qui, il fallait l'espérer, ne serait pas brisée par le nouvel arrivant !

Sunny le détailla de nouveau. Il n'avait plus l'air trop effrayé, c'était à peine s'il ne l'observait pas avec des yeux curieux l'air de dire "Alors c'est ça, un étalon ? " Il était craquant avec sa tête de petit diable, mais ça aussi, son père l'ignorait... pour l'instant !

» Elena, Sunny & Nirvana
» Un orage inospitalier au millieu de nulle part....(PV SUNNY)