Now or Never. ♣ (PV. Dawn Heather.)

- Qu'à cela ne tienne, mein Schatz, je pourrai t'apprendre si tu veux...

J'eus un sourire amusé, il trouvait encore le moyen de mélanger deux langues en une simple phrase.

_ Pourquoi pas, je n'en ai jamais eu l'occasion.

Je pus constater une seconde encore, victorieuse de l'effet que je produisais sur cet homme. De nouveau, une seconde plus tard il avait remis ce masque invisible mais, qui rendait opaque chaque sentiment qu'il pouvait éprouver. Cette manie de se cacher de ses sentiments eu le don de m'exaspérer rapidement, mais ceci le rendait aussi terriblement mystérieux et intriguant.

Peu de temps après avoir déposé la canne sur le sol, et l'avoir fait tourner dans mes mains, il récupéra l'objet de sa convoitise en un tour de main, il récupéra la canne, un sourire victorieux et fier se déposa sur son visage, ses traits pouvaient changer en quelques instants, ce qui avait le don de me fasciner...

Je finis le gâteau assez rapidement, observant toujours le visage de l'homme assis face à moi. Sans cesser de parcourir la jambe de Solveig, je me penchais vers lui, tendis ma main vers en direction de Solveig, et attrapa cette petite boite qui avait lancé le jeu. Je la fit tournée entre mes mains, puis l'ouvrit doucement, comme si elle renfermait un trésor qui risquait de s'envoler à la moindre occasion. Je sortis la chevalière en or, dans laquelle la lumière ce reflétait joliment. Solveig semblait méticuleux avec ses affaires, car aucune poussière n'était venue se nicher dans les recoins de l'objet. Je la fit tourner a plusieurs reprises la rapprochant de mon visage comme pour mieux la voire, elle était très simple et très belle. Une pierre était incrustée dedans, je la faisais miroitée dans la lumière, elle était noire et ornait tout le dessus de la bague, à l'intérieur il y avait marqué une phrase, je la lue dans ma tête et machinalement mes lèvres prononcèrent sans un son ces quelques mots. « Elegantia Semper Nigra » C'était une belle phrase, qui avait du sens à mes yeux.

– Eh bien, le jour où tu auras envie d'un... cours particulier, fais-moi signe.

Cette phrase me fit sourire, un sourire simple. Il y avait dans cette phrase un tas de sous-entendu qui ne resteront dévoilés que dans leurs sourires, l'un était malsain, et l'autre était juste heureux d'être là.

- Réglez avec la note de cette jeune femme... la table, là-bas.

Mes yeux s'exclamèrent à la place de ma voix. Je finis par protester, mais j'eus à peine le temps de réagir que déjà le serveur avait encaissé et était repartit dans les cuisines ou a une autre table, je lançais un regard de reconnaissance à Solveig et en même temps j'aurais voulu l'engueuler.

- Il est temps d'aller jouer ailleurs. Je me suis lassé de cet endroit.

Je souris, nous étions plutôt semblables finalement, j'enfilais ma veste de tailleur noire. Retroussant un peu les manches et attendit quelconque mouvement de Solveig. Il écrasa sa cigarette dans son gâteau au chocolat. J'eus à cet instant un regard à la fois surpris et amusé sur ce geste incongru. Il se leva, et enfila son manteau.
Il s'appuya sur sa canne, lui donnant un air de bourgeois particulièrement distingué.

- Je te raccompagne ?

Je me levais rapidement, souriant alors à Solveig, une dernière fois je baladais mes yeux sur l'endroit, qui désormais sera celui de notre rencontre. Puis une dernière fois je jetai un regard à l'homme et me dirigea vers la sortie lui lançant un regard qui l'invitait à sortir.

_ Volontiers.

Je poussai la porte. Même chaussée de talons Solveig était toujours plus grand que moi, je sourie à cette remarque que je me fis à moi-même. Je jetai un regard vers les lieux une dernière fois puis suivie Solveig à l'extérieur, nous étions sur le trottoir de la rue, et les lampadaires éclairaient mal l'endroit, de nouveau je regardais Solveig en lui souriant, à l'extérieur je me sentais tellement différente, presque gênée je baissais les yeux sur le sol, observant les pavés qui bordaient le trottoir.

- Tiens, c'est drôle. Moi aussi. J'en déduis donc que... nous seront amenés à nous revoir souvent...

J'ouvris de grands yeux, dans lesquels ont pu lire de la surprise, et une pointe de bonheur, j'aurais voulu rire tant je fus heureuse que nos routes soient encore une fois menées à se croiser.

_ En effets, c'est... Amusant

J'aurais voulu dire "c'est extraordinaire !" Mais je ne me sentais pas encore prête à laisser entièrement tombé ce masque sur le sol. Je lui souriais, observant de temps en temps la rue et ses passants, ses passants inconnus qui ignoraient qu'ils étaient observés d'une voiture qui s'élançait le long de la route jusqu'au ranch.

Alors que je regardais mes mains sur mes genoux, je vis le poing de Solveig se serrer autour de la petite boîte. Mes pupilles se dirigèrent alors sur son visage aux traits fin, qui c'étaient durcis. Le chauffeur se retourna et je m'enfonçais encore plus dans le siège comme une enfant apeurée qui voulait disparaitre de l'endroit où elle était, mais l'homme n’eus pas le temps de dire un mot que Solveig l'interrompit sur sa lancée. Se redressant, aussi fier qu'un paon, posant une main qui semblait lourde de conséquence sur l'épaule de l'homme et lui dis quelque chose que je ne compris pas, mais le ton de sa voix voulait en dire bien plus que ses mots sans aucun doute.

De nouveau alors il se rassit dans la banquette, se renferma sur lui-même, d'un air contrarié. C'était une facette de ce personnage que je n'avais pas encore eu le temps de connaitre. J'étais de plus en plus déstabilisée par cet homme au multiple visage, je n'avais pas le temps de m'ennuyer à ses côtés.

Je le regardais pensive, sans être consciente de la persévérance avec laquelle je le regardais. Je finis par baisser les yeux attrapant une mèche de cheveux, je l'enroulais et la déroulait autour de mes doigts. Puis la voiture s'immobilisa, nous étions arrivés. Avant même que la voiture soit tout à fait arrêtée je lui demandai :

_ Combien je vous dois ?

_ 20 dollars

Dis l'homme sèchement, jetant un regard inquiet à Solveig assis à côté de moi. Je lui tendis un billet et sorti rapidement de la voiture. J'attendis un instant Solveig hors de la voiture, observant la lune, elle était pleine cette nuit, et éclairait parfaitement le ciel. Faisant presque de l'ombre aux étoiles. Je tournais le dos a Solveig, je ne savais même pas si il était sorti du véhicule. Je l'attendais, mais, j'avais peur qu'il mette fin à cette rencontre, maintenant, ce qui aurait dû être de rigueur, mais j'osais encore me dire que ce personnage fascinant pouvait encore me réserver bien des surprises.

Le claquement strident de la porte que venait de fermer Solveig me fis tressauter, mais je ne bougeais pas les yeux de cette lune qui rendait cette nuit si claire et agréable. Ce fut le contact de sa main qui me ressortit de mes songes lointains, je tournais la tête vers mon épaule et déposa mes yeux sur sa main. Je souriais simplement, je distinguais faiblement ses doigts dans la faible luminosité, que renvoyaient les rayons de la lune. J'hésitai un instant à poser ma main sur la sienne. Mais l'envie fut plus forte que la raison, et je posai doucement ma main sur la sienne.

- Euh... Tu... Tu veux venir prendre un verre chez moi ?

Je souriais, heureuse de ne pas avoir à nous dire au revoir sous une lune claire, dans une nuit noire, qui nous offrait un mélange de claire-obscure dans une campagne lointaine. Il me semblait avoir entendue de l'espoir dans sa voix, mais j'avais un doute, il cachait trop bien son jeu et je n'avais plus aucune envie de forcer les choses.

_ Oui ! Euh… Attends-moi une seconde, j'ai oublié quelque chose à l'écurie.

Il me semblait avoir mis trop d'enthousiasme dans ma voix. J'en fus presque gênée. Je retirai ma main de la sienne, et m'agenouillais pour retirer ses chaussures à talons, m'imaginant mal traverser la cour pleine de petits cailloux chaussée ainsi. Je laissai mon sac à côté de l'homme. Mes pieds nus caressaient enfin le sol rocailleux. Je jetai un rapide regard vers Solveig, et me sauvai dans la pénombre des boxes.

Au loin se profilaient les oblongues silhouettes noires, ses ombres équines qui danse le jour et qui la nuit venue deviennent silhouettes ou rêves d'enfants. Certaines ombres s'étaient couchées d'autre dormaient debout, seul le maître du domaine veillai sur les autres. Sa silhouette était plus haute, c’était Tryptik, longiligne silhouette dont on ne distinguait plus la robe grisâtre au loin. Il portait l’encolure plus haute que les autres, le dos plus court, les membres plus fins. Il était un diamant brut né de la doma vaquera. Je ne m’attardais pas plus d’une seconde sur ce spectacle magnifique, trop pressée de retrouver Solveig.

Je cherchais à tâtons le paquet de cigarette que j’avais laissé dans l’écurie. Je finis par le retrouver dans le sac de sport où j’entreposai mes affaires lorsque je venais m’occuper de l’étalon. Je repartis rapidement vers Solveig, lui souriant simplement. Je remis mes chaussures en me hâtant. La lune éclairait avec une parcimonie certaine ses traits fins, me permettant de distinguer chacune des émotions qu’il voulait bien laisser passer sur son visage. Je suivis Solveig en direction de son appartement.