Approche [terminé]

Aramis avait plutot bien choisi son jour. Il faisait beau et frais, c'était agréable de marcher. On ne voyait pas encore le ranch, les arbres le cachaient surement, mais elle n'accelerait pas le pas. Le soleil venait de se lever, elle avait toute la journée. Elle s'arrêta donc un petit quart d'heure et profita de l'ombre d'un hêtre. Elle reprit son chemin, et trouva un sentier. Elle le suivit, il devait bien mener quelque part ! Elle eut sa réponse seulement quelques minutes après. Au loin, on voyait des batiments, et des prés. Avant de s'approcher davantage, elle regarda attentivement tout ce qu'il y avait. Où aller, où éviter de s'aventurer, et, éventuellement, où grignoter. *Enfin Aramis, arrête de penser à ton bide !* pensait-elle tout bas. *On est là pour reperer les lieux, pas pour SE faire reperer*. Son ventre gargouilla. *La ferme, j'ai besoin de me concentrer.*Il "ronronna" de plus belle. - -'. Rrrrrrr, grrrr ! *Ta gouuule !* >.<' Lassée de mener une bataille qu'elle était sûre de perdre, Aramis se pencha et arracha quelques brins d'herbe nonchalement. Tout en mangeant, elle examina les lieux une fois de plus. A coté d'un des prés, un peu de foin. Rourou ! Grrrm !! *T'as de l'herbe, alors arrête de faire le chat !.* Son estomac protesta doucement. Finalement, la jument s'approcha, consciente du danger. 20 mêtres, puis 10, et 5. Arrivée à coté de la botte, elle entrouvrit la machoire et avança sa tête. Le brin le plus prche était à quelques centimètres de sa bouche quand elle la referma brusquement. Elle se sentait fixée. Oups. Prise en flagrant délit. ça venait de derrière la barrière, elle en était presque sûre. Bon, elle l'avait pas mangé finalement ce foin, et, si ça tournait mal, Aramis comptait sur son endurance et son expérience en matière de fuite. Elle ne se retourna pas, attendant une réaction de derrière elle.

Visiblement, elle avait en effet été prise sur le fait. Cependant, elle ne se retourna pas. Du moins, pas tout de suite. Elle devait d'abord analyser la situation. En une fraction de seconde, tout avait été figé dans son esprit. Coté odeur, il y avait le foin, l'herbe et la thestostérone (bien que je ne sache pas comment ça s'écris, mais on s'en fous, parce qu'un cheval, c'est pas censé savoir écrire). Bref, en résumé, elle aurait du manger, et elle se retrouvait avec un male. Là, il fallait réagir, et vite. Parce que généralement, un étalon, ça n'a pas la tête à rigoler. Plutot à se battre et à faire d'autre trucs d'étalon. Enfin pas tous, mais la plupart, si. Blasée, Aramis se retourna. Enfin on pourrait dire, mais l'action s'est passée beaucoup plus rapidement que l'écriture. Mais bon, de toutes façons, ce qu'il y avait à retenir, c'est qu'elle avait des ennuis. En fasse d'elle, un mamifère de la famille des équidés, et de l'espèce appelée "equus" en latin et dont le sexe était bien masculin. Ça, c'est la version scientifique. La version Aramis c'est plutôt : Un étalon à la robe oscillant entre le noir et le bai, mais surtout, qui semblait déterminé à la chasser. Oreilles baissées, et galopant vers elle. Galopant ? Oups, il chargeait. Il cherchait à l'impressionner par sa puissance, dont elle ne doutait pas d'ailleurs, parce que son poitrail et ses antérieurs semblaient d'une extraordinaire vigueur. Très bien. Aramis allait donc jouer sur l'intelligence. Je m'explique. De chaque coté, un cheval. Entre les deux, une barrière. Question : comment la traverser ? Réponse : tu la traverse pas et tu te la joues diplomate. OK, ça, c'est une bonne solution. L'autre secoua l'encolure, signe d'agacement profond et de très forte envie de montrer qu'elle n'était pas chez elle. On aurait put penser qu'elle reculerait. Que neni ! Au contraire, elle s'avança vers la barrière. Pas pour le défier, non. Plutot pour s'expliquer.


Désolé pour le pavé x)

Aramis avait attendu qu'il finisse son petit manège, le tout calmement. Patience, quel horrible mot ! Elle n'aimait pas trop ça, parce qu'elle perdait du temps à attendre, alors qu'il y a tant à faire et surtout à apprendre. Donc, elle attendit.
Mais ce ne fut pas aussi long qu'elle l'aurait pensé. Il s'arrêta de galoper (en même temps, il avait pas le choix, la barrière n'était pas très loin, et se la prendre en plein museau, ça aurait été certes divertissant, mais pas très agréable pour l'étalon). Il semblait étonné par la réaction de la jument. *Baaah, il s'attendait à quoi ? Que je lui fonce dessus aussi ? Ou bien peut-être à ce que je m'en aille ? Peut-être plutôt la dernière possibilité. Je peux prendre le joker ?!* Il la toisa d'un regard étrange. On sentait de la colère, de la surprise, et de l'agacement dans ses yeux. Il la renifla doucement. Elle le laissa approcher, tant pis pour ses principes habituels.



Il avait pris la parole. Il parlait calmement. Pourtant, n'importe qui aurait put s'enerver, mais lui, non. Il restait maitre de ses émotions et de son ton. Mais ce n'étais pas une phrase simple, plutot une question. Et plutot génante en vu des circonstances. Mais il faut un début à tout, et une réponse à toutes interrogations. Comme il semblait attendre une réponse (ce qui est normal après tout), elle avança, "aspira" autant d'air que possible et répondit :


Ne sachant pas quel pronom employer à son égard, elle décida de passer par la voie du "il". Du moins, pour cette fois.

- Aramis. Voyageuse jusqu'à arriver en ces lieux. Convoitée mais jamais aquise. Libre de ses choix et libre tout court. Et comment s'appelle mon interlocuteur ?

La jument me répondit d'un ton parfaitement neutre et avec une très grande...comment dire ? Politesse ? Poésie ? Un sens aigus pour la syntaxe ? Je ne savais pas trop comment décrire la façon dont elle me répondait. Quoi qu'il en soit...ça ne me plaisait pas trop...J'avais l'impression d'être en face d'une comédienne qui récitait son texte ! Je leva un sourcil, intrigué par sa réponse. J'appris néanmoins qu'elle s'appelait Aramis et c'était une bien belle jolie jument !! EYH! On est étalon ou on ne l'est pas ! Je secoua brièvement ma tête pour y chasser cette idée et me reconcentra sur la jument.

Je pointa les oreilles en avant avec surprise...* Ainsi c'est une jument libre ! Non domestiquée ! Une sauvage !! ...Elle est folle de s'approcher des hommes ainsi ?! *
Tandis que j'écoutais la jument grise, Aramis donc, je posa un postérieur un repos, balança tranquillement ma queue de gauche à droite, frictionnant de temps à autres un muscle lorsque un insecte venait s'y poser. A la fin de sa phrase, elle me demanda qui j'étais...Logique...J'inspira brièvement en rabattant en même temps mes oreilles en arrière...

" Mogadiscio, étalon pure race espagnole, abusé et trahi par l'homme...en colère contre eux, contre les autres chevaux, contre le monde..." Voilà! j'avais répondu dans le même ton qu'elle. Sans émotion, neutre quoiqu'un peu froid. Je soupira longuement, laissant échappé de la buée. j'ébroua mon encolure et décida de poursuivre:

" Etes vous folle de vous approchez ainsi des hommes ? Ils pourraient vous surprendre ! " lui dis-je d'un ton sec.

[désolé, je viens de m'apercevoir que c'étais vraiment très très long =S Malgrès la fin, tu peux quand même répondre si tu veux ]


Après qu'Aramis se soit brièvement présentée, l'étalon tourna les oreilles vers elle. Pour toute réponse, elle secoua un peu la tête, les oreilles qui bougeaient dans tous les sens, sauf vers l'arrière. Après tout, il ne s'était pas montré odieux. *A part au début, mais ça ne compte pas, j'ai un peu tiré sur la corde moi aussi ...* Un peu après, il les baissa en arrière pour lui répondre. *Ah, ces étalons qui ne peuvent s'empêcher de se sentir agressés ^^* Cette pensée la fit sourrire intérieurement.


" Mogadiscio, étalon pure race espagnole, abusé et trahi par l'homme...en colère contre eux, contre les autres chevaux, contre le monde..."


Aramis se mordit la lèvre en entendant "contre les autres chevaux". Elle ne pouvait s'empêcher de se rappeler la doyenne baie. S'il faisait nuit, elle aurait put regarder Cassiopée brillant dans le ciel. Les étoiles les avaient toujours toutes deux passionées. Le soir, elles s'isolaient souvent quelques minutes pour regarder la voute étoilée. C'était une incompréhension pour les équidés, et elles se posaient bon nombre de questions à ce sujet. Leur constellation préférée était Cassiopée. Bêta, Alpha, Gamma, Delta et Epsilon. Elles connaissaient par coeur le nom de chacune des étoiles la composant. Elles s'amusaient à se le répéter pendant la journée sous les yeux équarquillés de leurs camarades qui ne comprenaient absolument rien à leur discussion. Elle fut tirée de sa rêverie par l'étalon qui reprenait :


" Etes vous folle de vous approchez ainsi des hommes ? Ils pourraient vous surprendre ! "


Tiens, il la vouvoyait à présent ! Il avait commencé par un "tu" et finissais par un "vous". Bah, il ne fallait pas chercher à comprendre, il n'avait peut-être tout simplement pas fais attention. Ou il préférait la politesse.


- Folle, je ne pense pas, plutôt intrépide, dit-elle amusée. Ils pourraient en effet me surprendre, mais m'attrapper, je ne pense pas. A moins que ..., elle marqua un temps de pause. Elle parlait d'une façon assurée alors qu'un doute s'installait dans son esprit. Que se passerait-il si elle se faisait prendre ?


"J'ai toujours voulu que tu sois libre et indépendante, Aramis." Elle la regardait presque tristement. "Promet moi que tu le resteras." "Mais oui, je te le promet ! Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer !" L'autre ne semblait pas aussi sûre de ça. La doyenne plaquait sa tête contre l'encolure de la jument grise. "Ce n'est pas aussi facile Aramis. Rien n'est facile dans la vie, ne l'oublie pas. N'oublie pas Cassiopée" Elle plongeait ses yeux dans les siens. C'était la dernière fois qu'Aramis l'entendait, mais elle ne le savait pas encore. Elle n'avait pas eu le temps de dire au revoir à l'ancienne qui l'avait guidée toute son enfance. Qui avait forgé son caractère. Qui avait partagé tant de moments avec elle. La différence d'age était énorme et pourtant, elle se sentait si proche d'elle. Peut-être encore plus proche qu'elle ne l'était avec Maddy, la jeune pouliche qui suivait Aramis partout et qui était le total contraire de la doyenne. Toujours en train de rigoler et de parler pour ne rien dire. Un concentré de gentillesse et de bonheur. La pouliche alezane était pleine de malice autrefois.


Aramis voyait encore l'image de la vieille jument, anxieuse, et de la jeune pouliche, toute excitée. La jument grise ne savait rien à ce moment là. Et là, elle eu comme une illumination. la doyenne le savait à l'avance. Elle en était presque sûre à présent. Elle ne lui aurait jamais parlé comme ça sinon. Elle n'aurait jamais parlé de Cassiopée. Mais elle ne l'avait pas prévenue. Aramis cracha. Elle respira bruyement. De colère. De haine. De tristesse. Au loin, un humain apparut. Elle était déjà tendue, ça ne fut qu'accroitre cette sensation. Le sang coulait de plus en plus vite dans ses veines. Un autre sortit d'un batiment. Elle sentit l'adrenaline monter. Elle recula vivement.

"Je, je dois partir !" Elle se retourna brusquement et lança "Bonne chance Mogadiscio, peut-être un jour nous reverrons-nous. Du moins, je l'espère !"


Elle partit au galop vers la forêt. Jamais elle n'avait fuit aussi vite. Fuit les hommes ou fuit le passé ? Même elle ne pouvait le savoir ...